• La jetée

    LIEN POUR VOIR LE FILM ( en 3 parties) / A site to see the movie in 3 part :
    http://www.youtube.com/watch?v=P-zj2SgjjXE&mode=related&search=
    ( PARTIE 1)
    http://www.youtube.com/watch?v=KMmzYuPC18Q&mode=related&search=
    (PARTIE 2)
    http://www.youtube.com/watch?v=8ISmmtkrwOU&mode=related&search=
    (PARTIE 3)
    (faire copier collé / copie and paste)



    L'industrie cinématographique
    américaine, souvent à court de sujets,
    entreprend chaque année de racheter les
    scénarios des films étrangers à succès,
    qui, avec le système monopolistique des
    Etats-Unis, n'ont aucune chance de
    faire carrière dans ce pays. Hollywood
    les modifie selon des critères de gout
    pretés au public américain et façonne
    des remakes plus ou moins bons, avec de
    grands moyens.
    Le cas de La Jetée n'en est que plus étrange. Il s'agit d'un court
    métrage (moins de trente minutes) à caractère expérimental, qui
    eut une sortie commerciale discrète et dont la renommée,
    immense dans le monde proprement cinéphilique, n'a cepen-
    dant jamais dépassé un cercle restreint d'aficionados. De sur-
    croît, il s'agit d'un film de 1962, en noir et blanc et en images
    fixes, à la fausse allure de documentaire, donc uniquement
    accompagné d'un peu de musique et d'un commentaire consé-
    quent. On reste sidéré par le phénomène qui fit que trente ans
    après la réalisation de ce film, un couple de scénaristes améri-
    cains réputés, travaillant pour la Universal, se passionne pour
    cette histoire et en tire un scénario quasiment infaisable, tant
    son étrangeté déroutait le système de production des grands
    studios. Mais il faut prendre la mesure du potentiel d'imagina-
    tion que contient ce petit chef d'œuvre qu'est La Jetée.
    > Les traces d'une époque
    Son auteur en est Chris Marker. Personnalité secrète et
    attachante, cet écrivain, photographe et cinéaste se promène
    dans le cinéma français comme une sorte d'ovni. Le seul réali-
    sateur auquel on peut et même on doit le rattacher est son
    grand ami Alain Resnais, avec lequel il collabore à plusieurs
    documentaires dans les années 50, dont Les Statues meurent
    aussi, tranquille pamphlet au vitriol sur les crimes d'ethnocide
    colonialiste, qui fut totalement censuré à l'époque. Puis, en
    voyageur solitaire, Chris Marker se promènera sur les cinq
    continents pour rapporter des films-témoignages qui mêlent la
    réflexion intellectuelle et la rêverie poétique à un engagement
    politique pur et dur.
    Il en fut ainsi de La Jetée. Le film porte les traces idéologiques
    de son époque. On est alors en pleine guerre froide. La mena-
    ce atomique taraude les esprits. Le souvenir de l'univers
    concentrationnaire nazi et sa terreur sont encore dans les
    mémoires. La Jetéese construit sur ces traces toujours vives, qui
    lui servent de strates. Pour accentuer le sens du discours,
    Marker exagère l'idée politique d'une société parvenue à une
    maîtrise totale, scientifique et technologique, qui ne laisse
    aucune chance de liberté à l'Homme et le mue, comme le firent
    les médecins nazis, en animal de laboratoire. Pour mener l'ar-
    gument et son histoire à terme, Marker recourt à un genre lit-
    téraire, encore fortement déprécié en 1960 et dont seuls
    quelques rares passionnés comprenaient l'importance, la scien-
    ce fiction. Et il choisit l'un de ses thèmes majeurs, la théorie de
    la relativité et ses conséquences fictives sur la temporalité. Il en
    privilégie le paradoxe supreme, celui du voyage dans le temps
    qui permet àun individu d'assister à sa
    propre mort.


    > La mémoire
    La Jetéerecoupe, par ailleurs, des préoccupa-
    tions artistiques propres au petit groupe
    constitué par Marker, Resnais et quelques
    amis. D'abord, la place accordée au thème de
    la mémoire - dans Les Statues meurent aussi,
    dans Nuit et brouillardou dans Toute la mémoi-
    re du mondede Resnais. Cette mémoire était
    considérée en fonction de sa caractéristique
    première, celle de fixer le souvenir, celle de retenir inexorable-
    ment le temps, de forcer le passé à demeurer. Ce qui entraînait
    des conséquences formelles considérées à l'époque comme anti-
    cinématographiques. En effet, c'était vouloir accorder au langage
    des mots, seul apte à formuler une réflexion, le rôle du mouve-
    ment autour d'une image figée à jamais par la mémoire. C'était
    s'attaquer à la doxa sur la nature du cinéma, dont on inversait
    ainsi radicalement, donc politiquement, les principes établis.
    Paradoxe de sophiste, certes, non dénué de préciosité et assumée
    comme tel à partir d'un langage ornemental et fleuri, qui menait
    à un cinéma différent et à une écriture originale. Ce paradoxe
    permettait de prouver, ce qui est l'enjeu de La Jetée, que le mou-
    vement au cinéma n'appartient pas à l'image mais à la pensée
    qu'elle éveille. Et cette preuve ne pouvait s'établir qu'à partir de
    la fiction anti-proustienne d'un temps non plus perdu ou retrou-
    vé, mais arrêté, le temps de la mort. Nous sommes ainsi dans un
    concept, érigé en manifeste, qui exclut l'idée reçue du cinéma qui
    enregistre la vie.
    Entre cette conception radicale et ce qu'en tirent les Américains
    pour L'Armée des douze singes, il y a de multiples glissements. A
    commencer par la problématique de l'image fixe et de l'image
    mobile qui ne sera ni abordée ni résolue de la même manière
    dans les deux films. Mais en beaucoup de points il existe des
    ■ AUTOUR DU FILM
    La Jetéede Chris Marker
    La JetéeL'Armée des douze singes
    23
    Quelques références autour de
    L'Armée des douze singes...
    Sur Terry Gilliam
    Jean-Marc Bouineau, Le petit livre de Terry Gilliam, Garches :
    Spartorange, 1996.
    Louis Danvers, Brazil de Terry Gilliam, Crisnée (Belgique) :
    Yellow Now, 1988.
    Terry Gilliam, Les aventures du baron de Munchausen, Paris :
    Solar, 1989.
    Articles etentretiens
    « Terry Gilliam : un python et douze singes »,
    L'Ecran fantastiquen°146, janvier 1996.
    « Entretien avec Terry Gilliam », Positifn°289, mars 1985.
    « Terry Gilliam et les Monty Python », La Revue du cinéma
    n°403, mars 1985.
    « Le Remake et l'adaptation », Cinémaction, 1989.
    Sur le cinéma d'anticipation
    Patrick Brion, Le Cinéma fantastique, Paris :
    La Martinière, 1991.
    Yves Aumont, Cinémas de science-fiction, Nantes :
    L'Atalante, 1985.
    Quelques références autour de
    La Jetée etde Chris Marker...
    « Chris Marker, La Jetée », L'Avant-scène cinéman°38, juin 1964.
    « La Jetée », revue Image et Sonn°161/162, avril-mai 1963, et
    n°165/166, septembre-octobre 1963.
    « Le film de science-fiction menacé par la photographie et
    sauvé par la bande-son », Roger Odin, Cinémas de la moderni-
    té, films, théories, Colloque de Cerisy, Paris : Klincksieck, 1981.
    « L'hypothèse Marker », La Revue de la Cinémathèquen°1,
    mai-juin 1989.
    « Chris Marker : montage cosmique et imaginaire singulier »,
    Cinémactionn°72, 1994.
    « A propos du CD-Rom Immemoryde Chris Marker », essais
    de Laurent Roth et Raymond Bellour, Paris : Yves Gevaert
    Editeur, Centre Georges Pompidou, 1997.
    « Dossier Chris Marker », Positifn°433, mars 1997.
    Quelques références pour en savoir
    plus sur l'histoire etles métiers
    du cinéma...
    Sous la direction de Michel Ciment, Jean-Claude Loiseau et
    Joël Magny, La petite encyclopédie du cinéma, Paris :
    Editions du Regard, 1998.
    Sous la direction de Jean-loup Passek, Dictionnaire du cinéma,
    Paris : Larousse-Bordas, 1998.
    Michel Chion, Le Cinéma et ses métiers, Paris : Bordas, 1990.
    Quelques références pour en savoir
    plus sur les méthodes d'analyse
    de film...
    Jean-Claude Fozza, Anne-Marie Garat, Françoise Parfait,
    Petite fabrique de l'image : parcours théorique et thématique,
    180 exercices, Paris : Magnard, 1989.
    Jacques Aumont, Michel Marie, L'Analyse des films, Paris :
    Nathan université, 1988.
    Vincent Pinel, Vocabulaire technique du cinéma, Paris :
    Nathan, 1996.
    Autour de l'opération Lycéens au ciné-
    ma :deux sites internetà consulter...
    Le site de la Bibliothèque du film www.bifi.fr
    Le site Image (CRAC de Valence, CNC)
    www.crac.asso.fr/image
    recoupements, voire des réminiscences volontaires. Celles-ci
    sont davantage le fait des scénaristes américains, fascinés par la
    fiction de Marker, que de Terry Gilliam, qui a refusé, à juste rai-
    son, de voir La Jetée avant que son film soit terminé. Mais les
    traces gardées par le script vont exciter l'imaginaire de Gilliam et
    lui permettre de développer sa propre rêverie. D'abord le carton
    qui ouvre La Jetée, « Ceci est l'histoire d'un homme marqué par
    une image d'enfance », et qui sera filmé littéralement par Gilliam
    et servira de leitmotiv à son film. Viendront ensuite les lunettes
    effrayantes des savants, les supplices médicaux du patient qui sert
    de cobaye, la course à la liberté par la fuite dans l'imaginaire et le
    désir de refuge dans l'amour (flottant chez Marker, difficile et
    agressif chez Gilliam), l'évocation du monde animal, les oiseaux
    mais aussi les quadrupèdes (squelettes chez Marker, vivants chez
    Gilliam), ou ces détails infimes : une statuette angélique dans
    La Jetéetransformée en statue d'ange par Gilliam, et évidemment
    le lieu central où se joue la tragédie, l'aéroport (ouvert dans
    La Jetée, fermé dans L'Armée des douze singes). A visionner les deux
    films l'un après l'autre, il est flagrant que l'œuvre de Gilliam est
    absolument originale dans le même temps qu'elle est absolument
    fidèle à La Jetée de Marker.




  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :